lundi, août 31, 2009

Comment tombent les héros - Troisième partie (3)

Thomas.

Seul, sous un jet puissant, à la limite du supportable, Thomas réfléchissait. Ils n'avaient pas été prêts pour tout ça. Ils avaient espéré jusqu'à la fin que tout finirait bien, qu'ils continueraient ensemble leurs petites vies d'aventures, le lycée, les amours... Et puis Sandra avait été emmenée, bye-bye, n'oubliez pas d'écrire, je m'en fous je suis morte, continuez sans moi. Et il avait essayé. Et la première chose qu'il avait faite était d'oublier Wilhelm. Minable. Tu n'as rien dans le crâne, mon pauvre, un de ses meilleurs potes et tu t'en occupes pas, tu t'occupes de ta nana, de ta gueule, et tu ne résous rien. Elisa est en train de péter un câble sous tes yeux, à faire je ne sais quoi toute seule tout le temps, avec son fantôme, et toi tu restes là. Tu avais une pauvre chose à penser et tu as oublié. Pauvre paumé.
Des larmes amères, lourdes de colère et de frustration, se mêlaient à la douche sur son visage.
"Arrête ! Réfléchis ! Il reste des choses à faire, des solutions à trouver, alors passe ton temps là-dessus, calme tes nerfs et avance !"
Il résista un moment, mais soudain un gouffre noir s'ouvrit sous ses pieds. Il sentit le sourire de Sandra, sa manière d'avancer sans questions, de ne jamais baisser les bras, et il sut à cet instant précis que cette période de sa vie était terminée. Un long sanglot rauque monta en lui, une insondable tristesse. Il se laissa glisser le long de la paroi de la douche, et resta assis, terrassé par le chagrin.
Nathalie ouvrit la paroi de plastique de la douche. Elle étreignit sa tête et la pressa contre sa poitrine, s'agenouillant contre lui, et lui murmura "C'est bien, c'est bien, laisse-toi aller, tu as le droit, je suis là." Thomas leva la tête :
-"C'est fini, Nat', elle est partie. C'était notre copine et elle sera plus jamais avec nous. Et j'ai rien pu faire ! On a rien pu faire pour lui éviter ça. On sera plus jamais tous ensemble. On se connaissait pas assez, on n'a pas eu assez de temps, et on pourra plus jamais."
Nathalie le serra plus fort, s'assit à côté de lui. Il se laissa aller contre elle, pleurant en silence, dans la chaleur de l'eau sur son corps. Elle saisit sa tête entre ses mains, leva son menton, et y déposa un court baiser qu'il lui rendit, puis un second, plus long, immisçant sa langue dans sa bouche entrouverte, et le pressa contre lui. Il la plaqua contre lui et se perdit entre ses lèvres. Délicatement il la souleva et l'assit sur ses jambes, l'enserrant de ses grands bras, savourant son goût presque sucré et la douceur de sa peau. Doucement, tout doucement, elle le guida en elle, utilisant le mouvement berçant de leurs respirations simultanées. Il se cambra pour mieux la sentir, saisissant un sein dans sa paume. Elle posa sa tête sur son épaule et crispa ses doigts dans son dos.
La douche coulait toujours, couvrant leurs soupirs.

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