jeudi, novembre 08, 2007

ACTIOOOOOOOON(2)

Pour continuer un peu dans la baston !

La Comtesse s'élança tout de suite, prenant les débris de la porte de vitesse. Sur sa droite jaillit un homme, vêtu d'une combinaison MagnaShroud, kevlar et soie d'araignée de synthèse, particulièrement résistante aux balles. La Comtesse sourit. Sa famille fabriquait la MagnaShroud dans ses propres usines. Le fait que ces hommes soient équipés de son propre matériel lui mit la puce à l'oreille : ces équipements étaient strictement supervisés par les gouvernements auxquels ils étaient fournis, et à moins d'un cambriolage de grande échelle dans l'un de ses labos, elle s'imaginait mal comment tout ce matériel avait simplement pu disparaître. Une balle dans chaque rotule plus tard, elle engagea son SensoRéseau et son surpresseur cinétique. Le monde ralentit. Elle distingua un autre soldat sur sa gauche, se dégageant lentement, trop lentement, de son abri. En deux foulées, elle était sur lui, pressa le canon de son arme sous son menton, et se dégagea dans la fraction de seconde nécessaire à la balle pour s'extraire du crâne, emmenant avec elle un morceau de matière grise. Sa robe ne fut même pas tachée. Un mouvement dans sa vision périphérique lui fit faire volte-face : l'homme qui s'approchait se mouvait presque à sa vitesse, faisant feu de son arme automatique, un vieux modèle, sans gyrostabilisateur. Probablement pas aidé par des implants, se dit-elle, constatant ses mouvements peu précis et ses yeux injectés de sang. Probablement sous TimeWarp, un réhausseur d'activité cérébrale qu'elle avait développé elle-même un soir de cuite. Le problème était que la drogue, si elle améliorait effectivement le temps de réaction du cerveau, ne faisait que rendre impossible aux muscles de désobéir, sans leur fournir une quelconque aide. Le pauvre petit allait sans doute périr d'un arrêt cardiaque, son coeur éclatant sous l'effort, même si elle ne s'occupait pas de lui immédiatement. D'ailleurs, pensa-t-elle en esquivant une de ses rafales, il était temps d'en finir. Elle s'accroupit, évitant une autre série de balles, puis bondit au dessus de son adversaire, lui logeant une balle dans l'échine. Elle atterrit sur l'un des énormes containers, froideur du métal sous ses pieds nus. En sécurité pour le moment, elle ordonna mentalement à son Senso de zoomer sur James. Le logiciel neuronal s'exécuta, mais malgré son amélioration d'image, elle eut du mal à le distinguer.
James avançait silencieusement. Il était concentré sur chaque mouvement, contrôlant chaque muscle, ne causant que le plus ténu des déplacements d'air à chaque pas, invisible dans l'obscurité, s'approchant de ses adversaires par des chemins tellement complexes que seul un observateur attentif et surentraîné aurait pu les comprendre. Il avait toujours su exploiter le terrain à son avantage, savait s'arrêter de bouger au moment exact où il aurait pu devenir perceptible. Dans l'illustre école privée dans laquelle il avait été enrôlé de force, il était devenu l'obsession de ses surveillants qui n'avaient jamais réussi, en cinq ans, à le surprendre hors de son lit lors de ses escapades nocturnes. Il avait activé son Senso lui aussi, mais ne portait pas de surpresseur, préférant avancer à son rythme, sans se presser. Son temps de réaction était minime de toute façon, et il ne servait à rien d'agir à une vitesse surhumaine lorsque votre cible était complètement inconsciente de votre présence. Il se glissa silencieusement derrière un type lourdement armé, avant de le mettre à terre d'une balayette. Une rafale partit vers le plafond de l'entrepôt au moment où il heurta lourdement le sol. James saisit à sa ceinture un jeu de menottes physioadaptables qu'il passa sans mot dire à l'homme. Celui-ci , sonné, n'y opposa pas la moindre résistance. Son Senso l'informa de l'approche de deux paras, attirés par la rafale de leur compagnon, qui le prenaient en tenaille. Il jeta un oeil autour de lui : aucune issue possible. « Contrariant », pensa-t-il en se tapissant dans l'ombre, alors que ses deux adversaires entraient dans son champ de vision. Les deux hommes avaient sans aucun doute été équipés d'équipement de vision nocturne, ça ne suffirait pas. Il leva les mains, activant au passage son générateur de champ lumineux. Un flash intense, d'une demie-seconde, les fit hurler tous les deux. Oui, clairement, ils en étaient équipés. Mais ils reprendraient trop vite leurs esprits pour qu'il puisse leur échapper à tous les deux. Il hésita une fraction de seconde, puis opta pour la direction dont il était venu : il y avait là un petit passage, certes encombré, mais qui lui avait semblé prometteur. Il s'empressa d'assommer et de menotter le plus proche des hommes, et s'enfila derrière un container, évitant de peu une nouvelle rafale du deuxième homme, qui s'était relevé très vite. Trop vite, même, pour que James ait le temps de rejoindre les ombres. Il était piégé. Il leva les mains, et perçut soudain un mouvement venant du plafond. L'homme qui le tenait en joue réagit trop lentement. La pince de la grue s'abattit sur lui alors même qu'il ordonnait à ses jambes de faire un pas en arrière. « Vive les balles explosives de Jack », se dit James, avant de rejoindre les ombres.
Jack attendait. C'était son rôle, dans l'équipe. Peu importe la situation, peu importe le nombre d'adversaires, il avançait vers sa position, qu'il ne quittait que pour en trouver une meilleure. Lorsque la porte avait été soufflée par l'explosion, il l'avait nonchalamment saisie au vol, avant de la laisser tomber derrière ses compagnons. Lorsque quatre petites frappes avaient ouvert le feu sur lui, il avait activé son NEST-D (Nanomachine Extended Swarm Technology for Defense), et les avait méthodiquement descendus. La Comtesse lui avait dit que le NEST avait été testé (« et approuvé ! », avait elle dit dans un sourire) face à une 12'6'' de l'armée, tirant plus de 250 munitions de haut calibre à la minute. Il faisait confiance à la technologie, qui lui permettait de ne pas se soucier de tactique plus que de quoi que ce fût d'autre. Il avançait, de son pas traînant, vers une situation stratégique de laquelle il ne bougerait qu'à la fin du combat, couvrant ses compagnons en attendant. Il avait optimisé sa position, voyait parfaitement soixante pour-cent de l'entrepôt, et contrôlait trois issues. Pour le reste, il avait lancé des drônes qui informaient en temps réel son SensoRéseau, lui permettant de tout savoir ou presque de ses adversaires et, mieux encore, de ses compagnons. La Comtesse s'était remise en mouvement, et se dirigeait vers le fond de l'entrepôt, là où devaient se trouver les documents. Néanmoins, quelque chose le gênait. Il lui envoya un signal d'attente. Elle s'immobilisa instantanément, et se mit à couvert. Il reporta son attention sur James : Il avançait vers une zone passablement dégagée de l'entrepôt, et aussi vers un amas de métal qui semblait très suspect à Jack. Il lui signala aussi de s'arrêter, et décida de s'approcher lui aussi, reconfigurant les patrouilles de ses drônes. Il y avait quelque chose dans cet amas de métal que les caméras ne parvenaient pas à distinguer. Il s'avança donc à portée visuelle. L'amas de métal se souleva à l'instant où il arriva. Une tête de plastique noir en émergea lentement, ainsi que quatre membres, semblant se construire au fur et à mesure. « Bien entendu... », pensa Jack, impassible, au moment où une roquette quittait en sifflant l'un des bras du LetheBot.