vendredi, avril 28, 2006

Quickie english update

Some weird pictures have popped up somewhere on this great internet playground. I just want to set the record straight (well, set the record bi, at least) : I look much, much cooler as a super hero, and anyone who knew the great VautourMan will testify in my favor. This has been a very interesting week so far, and as you may have noticed from the complete absence of posts I was booked and over booked, and actually spent the best of these past couple days in the basement of a weirdly named bulding (Uni-Pignon). Although there were a few weird windows in the ceiling, absolutely no girl wearing a skirt has walked over them, hence making the days dull, dull, dull... Actually it wasn't really really bad, just kind of rushin' and rushin' and rushin, Lausanne-Geneva, Geneva-Lausanne, have expressos every two hours or fall asleep on the table. I am actually not complaining, I learn many splendiferous things about many fantabulous subjects (although I will not discuss them here, it is late and I want to be thinking about something besides social psychology once a day at least). Wendy's blog has some updates about what I did today for lunch, if you have nothing better to do than check my cameos in other people's lives.

On another completely different subject, remember Vermine ? It's linked somewhere on this very site, and some of you may have had a look at it. Well, as a GM, I was a bit frightened by the universe (I would like, with this particular game, to create a playground for my players that they are entirely free to explore and act in with a lot of freedom, which means that I have to become a better GM), which led me to procrastinate quite a bit before even character creation. As of last Wednesday, my proud and talented players have built their group and their characters, and our first actual game is set to next Thursday. It's all starting to click into place now that I have a clearer idea about what my friendies seem to want from it, and it may shape up to be a very good experience.

Finally, for those of you who are eager to know more about the mysteries of Arkham, I promise I will try to continue the story next week, when things turn less hectic. Sorry about the delay, gang ! It is now time for me to bid you all goodnight.

mardi, avril 11, 2006

Arkham (6)

Mantoni aimait courir. Elle s’habillait d’ailleurs toujours en prévision de ces moments, qu’elle attendait avec une délectation ne seyant pas au grade qu’elle avait déjà atteint. Peu importait. Elle était toujours prête à se jeter à la poursuite d’une piste, et même parfois à la poursuite de n’importe quoi, témoins, simple quidams, etc. Aujourd’hui, alors qu’elle avait la possibilité de joindre l’utile à l’agréable, elle se sentait euphorique. Le petit homme avait sur elle quelques longueurs d’avance, mais elle savait qu’elle allait le rattraper. Un sourire carnassier éclairait son visage, lui donnant l’allure d’un grand fauve, une bête puissante et leste, inéluctable pour le devenir de sa proie. Déjà, elle sentait l’homme se fatiguer, remarquait des irrégularités dans la foulée, des accrocs dans la respiration. Elle, par contre, maîtrisait parfaitement son corps, qu’elle entretenait à la manière d’une mécanique de haute précision. Malgré cette différence de niveau, l’homme semblait avoir l’énergie du désespoir, et réussissait toujours à se reprendre, à accélérer de plus belle chaque fois qu’il la sentait gagner sur lui. Sa fuite le menait vers la sortie du secteur des entrepôts, vers l’Université. Elle risquait de le perdre, une fois qu’il aurait rejoint les rues plus fréquentées. Elle se tendit de plus belle, et se précipita sur les talons de l’homme. Une première fois, elle faillit le saisir par le col de sa veste, mais il esquiva prestement sa main, redoublant ses efforts. « Arrêtez-vous, hurla-t-elle, je veux simplement vous parler !» Aucun résultat. Remerciant presque l’homme de l’entraîner ainsi dans sa fuite, elle continua ainsi à courir, ne pensant presque plus, ressentant seulement les chocs de ses semelles sur l’asphalte, sa respiration d’une régularité parfaite. L’université n’était plus qu’à quelques centaines de mètres, se dressant de toute sa splendeur gothique devant sa proie. Il allait falloir terminer, et vite.
Tentant le tout pour le tout, Mantoni accéléra encore, puis se jeta en avant sur l’homme, le ceinturant de ses deux bras. Tous deux roulèrent à terre. Le petit homme se débattait tant et plus, la repoussant de toutes la force de ses jambes. Il finit par lui heurter le menton d’un coup de pied. Surprise, elle cessa une fraction de seconde de l’agripper, ce qui lui permit de se remettre sur pied avant de repartir de plus belle. Mantoni, un peu vexée, mais toujours ravie, se leva à son tour et se remit à courir. Il était clair que l’homme était à bout de forces. Elle le suivit facilement jusqu’à la rue, restant au plus près de lui, mais ne tentant rien pour l’instant, profitant de cette occasion de se défouler. Alors qu’ils arrivaient tous les deux à la hauteur de l’entrée du bâtiment des Sciences Humaines, une voix lui parvint : « Allez patronne, on arrête de jouer avec le petit monsieur ! ». Geoff, ne la connaissant que trop, ne serait jamais physiquement intervenu dans une poursuite. Le petit homme lui était passé devant sans même qu’il n’esquisse le moindre mouvement. « J’arrive ! dit Mantoni, lui faisant un petit signe signifiant que tout allait bien. » Elle redoubla de vitesse, et se retrouva quasiment à la hauteur de sa proie.
Finalement, presque à regret, elle lui saisit le bras d’une poigne de fer. Le petit homme plongea dans ses yeux un regard terrifié. Elle le força à ralentir, soutenant son regard, tentant de le rassurer. Elle n’avait après tout aucune raison de le soupçonner de quoi que ce soit, et elle essaya de le lui faire sentir. Elle entendait sa respiration saccadée, sentait son pouls dans tout son bras. Il allait finir par mourir sous l’effort. Elle s’arrêta brusquement, resserrant son étreinte. L’homme hésitait. Il ralentit, mais Mantoni eut la nette impression qu’il aurait suffi d’une faiblesse pour qu’il reparte de plus belle, tel un animal pris au piège. Elle ne lui en laissa pas l’occasion. Elle le tira par le bras en direction de Geoff, qui attendait près de sa voiture, fumant une cigarette. Elle reprit son souffle, calmement, sûrement, et installa l’homme à l’arrière de la voiture. Il n’avait pas dit un mot. Geoff lui alluma une cigarette :
-« Dis-moi que ce type n’est pas notre génie du crime… »
-« Aucune chance. En fait je l’ai juste trouvé un peu louche. »
-« Louche ? Si ça se trouve c’était juste un type en train de faire son petit footing du matin. Tu sais ce qui t’est arrivé la dernière fois… »
-« Je crois pas. C’est probablement un pauvre type un peu cinglé qui a pris peur en voyant débarquer les poulets. »
-« Remarque, tu peux être particulièrement impressionnante, quand tu veux. »
-« Ouais. Mais là je suis pas sûre qu’il a bien remarqué ma stature de déesse grecque. Il y un truc de pas net qui se passe dans les entrepôts. Un truc qui fait peur aux clochards. Pas seulement les descentes, pas seulement les racailles, un truc plus profond… »
-« Et tu as une idée de ce que ça peut être ? »
-« J’en sais rien… J’en sais rien. Mais il va falloir qu’on creuse un peu profond là-dedans, parce que je n’aime pas du tout la tournure que prennent les événements. »

lundi, avril 03, 2006

Arkham (5)

Ça faisait trop longtemps. Mantoni se redressa d’un bond derrière son bureau. Geoff passait un temps fou à parler avec la prof, le département des personnes disparues faisait preuve de son efficacité habituelle, Hong ne l’avait pas encore rappelée avec les résultats, elle n’avait plus de cigarettes, et le café était particulièrement immonde aujourd’hui. Elle attrapa son manteau en sortant, puis claqua la porte du bureau derrière elle. Personne ne sembla surpris. Ils s’étaient habitués, pas de nouvelle recrue depuis un moment. « Si on me cherche, je suis dehors », jeta-t-elle à la cantonade. La secrétaire des détectives lui fit un petit signe, et un grand sourire. S’emparant d’une radio, Mantoni s’engouffra dans les escaliers. Toujours pas d’identité sur les victimes, donc rien de possible de ce côté-là. Toujours pas de lieu du crime (la scène avait été suffisamment « propre » pour exclure l’accomplissement des tortures sur place). Restaient l’entrepôt et ses résidents occasionnels. Ou des étudiants qui se seraient installés pour fumer un pétard et qui auraient entendu ou vu quelque chose de suspect. En gros, il allait lui falloir une chance pas possible. Pas grave. Au moins, elle était sortie de son bureau, elle ne tournait plus comme un lion en cage, et elle se sentait au final plutôt bien.
Elle se dirigea vers le quartier universitaire. Les rues, ici, étaient larges et pavées, et bien peu de voitures circulaient. Elle croisa plusieurs petits groupes d’étudiants, rentrant des cours ou se dirigeant vers l’une des nombreuses terrasses de la rue, mais, concentrée comme elle l’était, elle les remarqua à peine. Les mains dans les poches, avançant d’un air décidé, elle avait tendance à suffisamment impressionner les passants pour ne jamais avoir à ralentir. Enfermée comme elle l’avait été dans son bureau pendant une matinée entière, elle n’aurait toléré aucune interruption. Elle fulminait intérieurement. Qui étaient ces gens ? Qu’est-ce qu’ils avaient dans le crâne ? Est-ce qu’ils allaient recommencer ? Est-ce qu’ils allaient faire une erreur ? Combien étaient-ils ? Un jeune homme seul manqua de lui rentrer dedans. Il était mignon dans le style jeune premier plein de fric, et, sans doute habitué à tout régler d’un sourire, lui fit miroiter ses dents trop blanches. Elle continua sans s’arrêter, en lui balançant un malencontreux coup de genou dans une cuisse. Le sourire se crispa. « Connasse », il avait dit, sans doute surpris de ne pas avoir fait son petit effet. Elle s’arrêta. Il avait repris sa route. « Protéger et servir, protéger et servir, protéger et servir… » Elle prit une grande inspiration. Elle hésita une fraction de seconde. Puis reprit son chemin d’un pas encore plus déterminé.
Elle arrivait à l’entrepôt lorsque son téléphone sonna. Hong avait les résultats des analyses de traces. Elle lui promit de passer avec Geoff dès qu’ils auraient fini leurs boulots respectifs, et demanda à celui-ci de la rejoindre quand il aurait terminé. Les entrepôts proches de Miskatonic avaient, il y a très longtemps, servi de stocks pour les pêcheurs d’Arkham et des alentours, puis, plus tard, à la faculté d’ethnologie, qui avait financé plusieurs expéditions, dans les Caraïbes notamment. Elle fit le tour des entrepôts, commençant par les plus proches de la scène. Pas un bruit, pas un signe de vie, ce qui était normal, les squatters restant la plupart du temps discrets. Elle pénétra dans celui qui jouxtait l’entrepôt numéro 8, où les corps avaient été disposés. Les fenêtres étaient recouvertes d’une couche de poussière impressionnante, mais le soleil était suffisamment fort pour ne pas qu’elle sorte sa torche. Elle fit le tour, enjambant les restes de vieilles caisses de bois pourri, les seringues et les mégots de joints. Personne. Personne, et, ce qui était plus étonnant, pas de traces de passage récentes. Les entrepôts, tous les entrepôts étaient régulièrement investis par des logeurs sans le sou, qui profitaient justement de l’immense place pour s’installer à l’écart les uns des autres, limitant ainsi les conflits. Ce lieu semblait figé, et il y régnait comme une aura de menace. Elle scruta les lieux de plus belle, mais l’impression demeura : Personne n’avait squatté ici depuis au moins deux mois, elle en aurait mis sa main au feu. Et ça, ça voulait dire que soit les SDF avaient trouvé mieux pour s’installer, et moins cher, soit que le crime avait été encore plus soigneusement préparé qu’elle l’avait imaginé. Elle sorti de l’entrepôt et passa au suivant, s’éloignant le moins possible. Ici non plus il n’y avait pas de traces, pas de marques suggérant la vie. Pas de vieilles boîtes de conserve encore humide, pas de couvertures, rien… Mantoni continua son exploration des entrepôts environnants. Tout semblait suggérer que la scène du crime avait été, plusieurs mois auparavant, entourée d’une zone interdite. Quelqu’un avait pris les mesures nécessaires pour ne pas avoir de témoins, ce qui suggérait un ou des tueurs particulièrement organisés. Elle sortit du complexe des entrepôts, décidée à trouver quelqu’un qui saurait lui dire ce qui s’était passé, pourquoi la population de sans-abri avait soudain déserté un bon quart de son territoire, et s’il y avait malgré tout un seul putain de témoin de quoi que ce soit. Elle commença à réfléchir, à élaborer des pistes, des hypothèses, des scénarios. Quelque chose se tramait ici, quelque chose de dérangeant. Un sentiment d’euphorie mêlée de rage commença à l’envahir, et elle sentit se dessiner sur son visage un sourire carnassier. Elle était tendue à se rompre, tous ses sens en éveil. Elle reprit sa marche en direction des entrepôts les plus éloignés.
Arrivée à celui qui se trouvait le plus près de la mer, elle ouvrit la porte avec fracas. Elle attendit que les bruits de pas affolés se calment avant de pénétrer dans l’entrepôt, puis se dirigea vers le centre de la grande pièce. « Police, Messieurs-Dames, et que je ne voie pas d’énervés s’il vous plaît, j’ai les nerfs ! Je viens pas vous déloger, ni voir ce que vous fumez, je veux juste des putains de réponses à mes putains de questions ! Y aura peut-être un peu de sous à récolter pour les plus bavards. Approchez, approchez ! On s’approche et on discute, et on énerve pas la gentille inspectrice ! ». Elle attendit. Des paroles étouffées lui parvenaient, ils étaient en grande discussion. Soudain, elle perçut un mouvement derrière elle. Un petit homme malingre était entré dans l’entrepôt, et avait aussitôt pris la fuite. Merde ! Il n’y avait que deux genres de types pour s’enfuir comme ça : les paranoïaques, et ceux qui avaient peur pour toutes les bonnes raisons. Sans hésiter, Mantoni se lança à sa poursuite.