lundi, août 31, 2009

Comment tombent les héros - Première Partie (4)

Thomas.

Thomas épiait, pour se donner l'impression d'avoir quelque chose à faire. La dernière bataille lui avait coûté physiquement, mais c'était surtout le reste qui devait désormais dominer sa vie. Le mauvais endroit, le mauvais moment, et un flic était retrouvé mort, avec ses empreintes sur l'arme du crime. L'underground, c'était ça : ne rien dire à personne pour ne pas passer pour un cinglé, ne pas prouver au monde ce que le monde n'est pas prêt à accepter, ne pas se faire descendre aussi, accessoirement, pour ne pas jeter le doute sur ses potes, pour ne pas les foutre dans la merde, merde dont il était aujourd'hui recouvert jusqu'au cou. Pas grave, ça allait s'arranger. Ca allait s'arranger, n'est-ce pas ? Dis, Sandra, de là-haut, tu peux voir que ça va s'arranger, hein ? Derrière un petit caveau, il serra la main de Nathalie un peu plus fort. Elle tourna les yeux vers lui, effleura sa joue de sa main. Putain de cimetière, putain de flics, putain de cérémonie qui veut rien dire. Poussière à la poussière ? Tas de connards, c'était pas de la poussière Sandra, c'était une putain de super-héroïne, et pendant que vous dormiez elle était là pour vous. Il en reste peut-être que de la poussière, mais il reste vous aussi. Et vous allez lui mettre quoi, une tombe avec une croix ? Une croix pour rappeler qu'un jour un type qui existe probablement pas s'est fait crever par les mêmes médiocres que vous parce que c'était sa destinée ? Sandra c'était pas une affaire de destinée, c'était pas parce que c'était une fille de..., c'était une affaire de choix. Elle avait choisi, on avait tous choisi de pas se laisser faire, de protéger ce petit coin de monde. Et tous ceux qui l'avaient voulu nous avaient rejoints, par choix. Alors allez vous faire foutre, avec vos curés qui servent à rien, avec vos croix et vos cimetières. Elle est plus là pour vous, et vous, vous avez jamais été là pour elle. Vous savez même pas qui est son copain, pourquoi il y a un grand gars tout devant qui pleure toutes les larmes de son corps et probablement que vous vous en foutez.
Elisa s'était levée et s'approchait de nous. Elle avait à peine adressé la parole à qui que ce soit depuis ce jour-là. Sa voix était blanche et monocorde, elle répondait par automatisme, oui, non, je sais pas. Elle allait pas bien, mais il fallait la connaître pour s'en rendre compte. Et je savais pas quoi dire. On s'est regardés sans rien dire, un moment. Et on s'est dirigés vers le parc, en faisant un petit peu gaffe aux flics.

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