lundi, août 31, 2009

Comment tombent les héros - Quatrième partie (1)

Elisa.

Dans leur parc, munie de son éternel carnet, Elisa préparait le premier rituel de la soirée, avec un peu d'avance. C'était simple, la magie. Pas d'herbes bizarres, pas de concoctions, de chaudrons, d'yeux de quoi que ce soit. Pas de destinée non plus. Il fallait un cerveau ouvert, une connaissance poussée, une concentration intense et la volonté de dépasser une réalité qui n'avait finalement rien de si exceptionnel. Bon, il fallait quand même savoir ce qu'on faisait, savoir tisser l'Echevau, l'inextricable réseau de petits fragments d'énergie qui ne demandaient qu'à s'enchevêtrer un peu plus, pour vous piéger, comme une toile d'araignée, ou pour se rompre, laissant déferler la vague de puissance qu'il enserrait comme un filet. La première fois qu'elle avait "vu" l'Echeveau, Elisa avait eu le sentiment que, derrière, dans une zone qu'elle avait décidé de ne jamais explorer, se terraient les Dragons, pas ceux des légendes, mais les terreurs secrètes du cerveau animal, ce qui poussait les hommes, les chiens, tout ça, à se terrer lorsque la nuit tombait, lorsque le tonnerre grondait ou lorsque l'air se chargeait de peur, de faim, de rage destructrice. Il n'y avait pas de moralité dans cette force, juste un chaos primordial derrière la régularité mathématique de l'Echeveau. Elle s'y était perdue, parfois, explorant ce domaine fantastique, sans rien faire, profitant juste de cette étreinte étrange, ordre et désordre enlacés pour l'éternité. Alors qu'elle commençait à se concentrer, elle perçut une présence derrière elle. Ils arrivaient. Lorsqu'elle se tourna, son sourire se figea. Une femme inconnue, très belle, très élégante, la fixait d'un regard mauvais. Derrière elle, une douzaine de vampires et de doppelgängers, toutes griffes dehors, semblaient prêts à bondir. L'inconnue esquissa un geste leur intimant d'attendre, et Elisa remarqua ses mains. La peau était déchirée, pendant mollement, révélant l'épiderme squameux des très vieux doppelgängers. La femme prit la parole d'une voix douce et calme :
-"Tu vas mourir, petite fille. Tu vas mourir parce que tu as détruit notre monde. Tu vas mourir parce que tu as tué notre futur roi. J'espère que tu y es préparée. Sinon, c'est dommage, mais il est trop tard. Sache que rien n'arrêtera ma vengeance." Elle se tourna vers ses sbires, et leva les bras au ciel. "Dévorez-là !"
Un grognement rauque s'éleva de la gorge du groupe. Elisa commença à courir, abandonnant pèle-mêle ses préparatifs. La Horde déferla sur elle.

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