lundi, mars 20, 2006

Arkham (2)

Geoffrey Hart se sentait très, très mal à l'aise. Les universités, et surtout Miskatonic, avaient le don de lui flanquer la chair de poule. L'ambiance feutrée, les pas étouffés, les toux discrètes, contribuaient à lui hérisser l'échine. Plus jeune, il avait eu la possibilité d'aller à Yale, grâce à d’excellents résultats scolaires, mais le jour même de l'entretien d'entrée, il avait senti ce sentiment diffus de ne pas être à sa place, de ne jamais pouvoir s'y sentir bien. Malgré le magnifique campus, le prestige de l’institution, et les fêtes somptueuses étant censées s'y donner, il s'était juré de ne plus remettre les pieds là-bas. Il avait rejoint l'académie de police à la place, et avait passé l'examen du barreau en suivant les cours du soir. Et même les quelques heures hebdomadaires qu'il passait à Miskatonic l’avaient passablement irrité, à l'époque. Enfin... il avait au moins l'avantage de connaître un peu les vieux bâtiments de brique rouge, ainsi que la patience d’écouter un professeur expliquer quelques petites choses, contrairement à Rebecca. Il pénétra précautionneusement, presque pieusement, dans West Hall, d’où siégeait Heather Finn, la directrice de l’Institut de Philologie Occulte. La lourde porte de bois ne fit aucun bruit lorsqu’il l’ouvrit, et un silence lourd l’oppressa immédiatement. Geoff se raidit, inspira une grande bouffée d’air, et avança d’un air décidé dans le large couloir, cherchant des yeux la section de Philologie. Suivant tant bien que mal les informations indiquées sur les panneaux, souvent contradictoires, il finit par arriver devant une porte vitrée donnant sur ce qui semblait être un dépotoir de vieux livres et morceaux de papier déchirés. Le capharnaüm était indescriptible… Du sol au plafond, en plus des étagères sur chaque centimètre carré de mur, un fatras complet de vieux ouvrages jaunis, aux couvertures de cuir craquelées par le temps, des parchemins entreposés pêle-mêle, de papyrus semblant prêts à tomber en poussière... Geoff en fut abasourdi. Jamais il n’avait connu pareil désordre, sauf peut-être dans le bureau de sa supérieure en plein milieu d’une affaire, mais elle n’avait jamais eu autant de place ! Une fois remis du spectacle, il se décida à se remettre en route, mais un détail le fit se retourner : En lettres dorées, passablement défraîchies, était inscrit sur la porte Institut de Philologie Occulte, suivi d’un post-scriptum sur un post-it griffonné enjoignant les éventuels visiteurs d’Entrer sans crainte. Geoff hésita un moment, contemplant le spectacle de dévastation devant lui. À mesure qu’il s’habituait au désordre, il remarqua une certaine organisation dans le chaos. Il lui sembla que des passages un peu moins encombrés se dessinaient presque entre la porte vitrée et un certain nombre d’autres portes qu’il distinguait à peine. Cela promettait d’être toute une excursion. Il franchit néanmoins la porte, craignant de provoquer un glissement de terrain fatal. Mais les papiers restèrent à leur place, et il trouva sans peine le bureau de Finn. Il frappa à la porte…

1 commentaire:

Reb a dit…

1. des cerveaux
2. des livres

Ouais, c'est bien cool ! J'ai pas mis autant de o que Val, mais j'approuve.