samedi, octobre 20, 2007

ACTIOOOOOOON !

Ce soir, j'avais juste envie d'écrire un petit truc qui bougeait un peu, une façon de présenter des personnages qui me semblent sympas, et une situation qui dépote. Ce n'est pas un bout de quoi que ce soit, vraiment, simplement ce qui m'est passé par la tête ce soir. Je vous embrasse, amusez-vous bien :


Ils entrèrent dans l'entrepôt.
Pas un bruit ne se faisait entendre, pas un mouvement ne venait déplacer l'épaisse couche de poussière recouvrant le sol et les énormes containers jonchant le sol. Il jeta un coup d'oeil rapide à ses compagnons. A sa gauche, la Comtesse semblait tendue à se rompre. Concentrée, alerte, elle semblait être en mesure de percevoir le bruit d'une aiguille sur une botte de foin à des kilomètres. Sa longue robe de satin semblait refléter chaque parcelle de lumière, la faisant luire doucement dans la pénombre. Elle semblait avoir complètement occulté toute présence, faisant abstraction de tout à l'exception des difficultés à venir. Elle restait une énigme pour tous ceux qui la connaissaient, n'ayant jamais divulgué à qui que ce fût précisément de quelle comté elle était la Comtesse, refusant toute question sur ses origines, sur sa famille, sur l'origine de sa confortable fortune. On racontait que sa famille avait disparu dans des circonstances mystérieuses, qu'elle était la seule survivante de l'incendie du grand domaine familial, qu'elle était peut-être mêlée à l'incident, d'une façon ou d'une autre. Tout son être était auréolé de mystère. Tout ce qu'on pouvait apercevoir d'elle en la rencontrant, était qu'elle rayonnait de mille feux en toute circonstance, que ses yeux étaient de ceux qui lancent une armada, qu'elle était capable de se faire passer pour bien plus sotte qu'elle n'était réellement et, pour peu qu'on creuse un peu sous la surface, qu'elle était dotée d'une culture gigantesque, ainsi que d'une intelligence froide et analytique. Son nez aquilin était le contrepoint parfait à son menton pointu, lui donnant un air aristocratique, et ses pommettes hautes venaient renforcer son image de lady, tout en lui conférant une expressivité d'actrice classique. Ses cheveux de jais s'étaient détachés pendant l'affrontement précédent, et tombaient en cascade jusqu'au creux de ses reins, à l'exception d'une longue mèche épousant la naissance de son sein droit. Ses pieds nus étaient légèrement arqués sur le sol. Debout dans la poussière, légèrement rougie par l'effort, elle resplendissait encore plus qu'à son habitude. Ses bras fins serraient délicatement un Desert Eagle .45, dont le canon refroidissait doucement, déformant l'air au-dessus.
Il tourna la tête. Million Shot Jack semblait, comme à son habitude, détaché de tout, appréhendant ce moment de sa vie comme une expérience de routine, comme s'il avait déjà mille fois affronté ce genre de chose. Elevé au Guatemala dans un orphelinat par d'anciens Nazis, rêvant comme à leur habitude de la renaissance de leur Empire de demeurés (comme il l'avait toujours appelé, les rares fois où il avait parlé de son passé), il avait absorbé toutes leurs connaissances, tout leur savoir-faire, sans jamais se laisser souiller par leur idéologie, jusqu'au jour où il avait réussi à s'enfuir. La Comtesse avait appris, par « ses indiscrétions », comme elle appelait son impressionnant réseau de contacts autour du monde, qu'il y était retourné une fois, avec sa petite bande de mercenaires. De cet épisode, que la Comtesse avait qualifié de ''débauche de violence enthousiaste'', il ne parlait jamais. Il se contentait depuis de considérer tout fait nouveau avec un détachement qui effrayait parfois. Les pires horreurs qu'ils avaient traversées tous les trois l'avaient toujours laissé de marbre. Marbre dont son visage, éclairé par un rayon de lune passant à travers un trou dans le toit avait la texture, et la dureté. Son menton était carré, ainsi que le reste de son corps, donnant une impression de force brute, bien que tranquille. Il semblait moins concentré que la Comtesse, mais ceux qui l'avaient côtoyé dans ce genre de situation auraient pu jurer que sous sa façade se cachait une furie incontrôlable une fois libérée. Pour l'instant, cependant, il fredonnait un petit air, une vieille chanson révolutionnaire, doucement, sans sembler s'en apercevoir. Il n'était finalement pas très grand, à bien y regarder, mais il occupait l'espace autour de lui d'une aura de danger indescriptible, des promesses de la bataille, de pugilats dont personne ne saurait sortir indemne. Son menton fraîchement rasé était relativement fuyant, adoucissant son visage, martial à tous les autres points de vue. Ses yeux étaient d'un bleu d'acier, durs, mais animés d'une étincelle qui prouvait à l'observateur attentif qu'il était animé d'un feu éternel. Il était vêtu d'un pantalon baggy gris, d'un t-shirt sur lequel on pouvait lire le slogan d'une fameuse marque de soupe (« Hmmm, it's lovely ! »). Il portait des baskets bleues d'un autre âge, passablement abîmées par l'usage. Il s'était appuyé, pour observer la scène, à une grosse poutre métallique surplombée par un énorme grappin servant à déplacer des containers pesant pour certains presque une tonne, le canon de son fusil à pompe reposant entre ses pieds, la crosse calée contre sa main gauche.
Convaincu que ses compagnons étaient prêts à passer à l'action, il prit un petit moment pour parcourir du regard leurs environs directs, puis se tourna pour considérer les possibles issues. La porte qu'ils avaient empruntée était de métal, percée par une vitre brisée depuis des années, sans doute. A sa gauche se trouvait un panneau annonçant la dernière grève de la saison, ainsi qu'un avis d'évacuation pour tout le secteur. Plus loin pendait à quelques fils électriques une antique pointeuse, dont on pouvait de loin entendre le mécanisme, complètement asynchrone. ''L'électricité fonctionne'', se dit-il, ''toujours bon à savoir...' A droite de la porte, il y avait un bureau, dont les vitres sales ne permettaient de distinguer que quelques formes de meubles vermoulus. Un lavabo en piteux état se tenait devant, juste derrière la Comtesse, et quelqu'un, l'un des manutentionnaires sans doute, avait pendu à proximité un miroir, une petite serviette, et un blaireau. Il se regarda un instant dans la glace : son costume anthracite était noirci par les flammes, bien que finalement assez peu déchiré, à sa grande surprise. James Wintermute, de tous les mauvais coups, une fois de plus en train de risquer sa peau. Il avait pourtant promis à son patron que cette fois il allait finir sa mission dans les règles, qu'il allait rester dans les paramètres de la mission, de ne pas sortir du chemin... Il y avait des fois où ça ne se passait pas comme les patrons le voulaient. Il se vit hausser les épaules et se força brutalement à revenir au moment présent. Il inspira profondément, les yeux toujours rivés au miroir. Sa silhouette dégingandée et ses yeux rougis par la fumée le faisaient ressembler à une vision infernale, quelque démon de la faim venu dévorer les âmes des mortels. Il avait perdu ses lunettes de soleil peu de temps auparavant, et les courtes mèches de ses cheveux brun sombre qu'elles tenaient habituellement relevées tombaient maintenant juste au-dessus de ses yeux bruns-noirs. Il tenta une seconde, vainement, d'y mettre un peu d'ordre. Un mouvement presque imperceptible lui fit faire volte-face. Il y avait du monde, plus loin. Ils étaient attendus. Sans presque desserrer les lèvres, il interrogea ses deux amis :
-''Vous avez vu ?''
Tous deux acquiescèrent. Jack épaula, toujours aussi calme, son fusil, et engagea une cartouche dans le canon. Le craquement sec du fusil résonna comme un coup de tonnerre dans l'entrepôt silencieux. Rien ne se passa pendant une trentaine de secondes. Ils avaient décidé de les attendre plus au centre, en embuscade. Wintermute planta son regard dans les yeux de la Comtesse, qui lui sourit une fraction de seconde. Il se tourna vers Jack, qui haussa les épaules. Pas un bruit, toujours, excepté un rythme étrange venant de dehors, qu'il ne reconnut, à travers l'écho de l'immense cathédrale de verre sale et d'acier, qu'un peu plus tard. Un hélicoptère s'approchait, un modèle discret, probablement contre-terrorisme ou une agence de ce genre. Il passa directement au-dessus d'eux, en un éclair. Soudain, ils sentirent plus qu'entendirent un choc au sol, une vibration violente qui monta gentiment en puissance, alors même que les containers, le sol, et les murs se teintaient d'oranges et de rouges, malgré la poussière.
-''Va falloir foncer...'', fit James, qui commençait sérieusement à sentir la chaleur dans son dos, à entendre le cadre de la porte grincer sous la force de la dilatation.
-''Ravie de vous avoir connus, messieurs'', fit la Comtesse.
-''...'', répondit Jack en haussant les épaules.
Ils se précipitèrent en avant au moment même où la porte était soufflée par l'explosion.

1 commentaire:

Blond a dit…

Très sympa... les persos sont intéressants et on a envie de savoir ce qui va leur arriver... alors??